Histoire de la propreté des villes
L’hygiène et la salubrité publique sont aujourd’hui un souci essentiel des collectivités et une large gamme de mobilier urbain y est dédiée. Il en va de la santé et de la qualité de vie des citadins.
Aujourd’hui, les prestations de nettoiement, les réseaux d’assainissement des eaux usées ou encore le traitement des déchets paraissent comme autant de services indispensables. Ils sont cependant le résultat d’une histoire de la propreté des villes qui se confond avec les progrès de la civilisation.
Des aqueducs des Romains à l’insalubrité du Moyen-âge, une histoire de la propreté mouvementée
La civilisation romaine attachait déjà une importance considérable à l’eau. En témoignent ses aqueducs destinés au cheminement de l’eau jusqu’aux maisons, ses thermes pour se baigner et même ses latrines et égouts pour l’évacuation des déchets.
Le plus ancien égout à ce jour étant la Cloaca Maxima située à Rome et dont la fonction consistait à drainer la vallée du Forum.
Par la suite, elle servait d’égout pour la collecte des eaux usées. A partir du IIIème siècle après J.C., les difficultés que traversait l’empire romain obligea les habitants à abandonner leurs ouvrages.
C’est pendant le Moyen-âge, vers l’an 1000, que la quantité de déchets connaît un essor considérable, à cause notamment du développement du commerce et de l’augmentation de la population des villes qui s’en suit. La ville moyenâgeuse est remplie de salissures et les amas d’ordures et de détritus s’accumulent. Coins de rues, ruines ou terrains vagues servent d’espace de déversement des ordures et de prolifération des rats.
Déjà en 1185, Philippe Auguste créer une ordonnance pour paver les rues principales et empêcher la propagation des odeurs nauséabondes. Un peu plus tard, en 1343, Charles V fait à son tour construire des fossés d’évacuation. A l’époque, ce sont alors les porcs, grâce à leur capacité à avaler des immondices, qui font office de nettoyeurs et d’éboueur.
Des propagations d’épidémies liées au manque d’hygiène
Le risque d’épidémie reste cependant bien réel puisque les habitants des cités jettent également , excréments qui s’amassent, faute de latrines publiques suffisantes, on comprendra que cette période est caractérisée par une insalubrité des villes dangereuse pour l’hygiène des habitants.
Preuve en est, la propagation de la peste noire entre 1346 et 1353 qui fit des millions de morts à travers l’Europe entière.
Le chiffonnier, figure historique de la propreté des villes, ancêtre du recyclage des matériaux
C’est au XVIIème siècle que la profession de chiffonnier commence à réellement se développer.
Solitaire et exerçant dans les rues des villes, il ramasse, collecte et revend tout ce qui peut l’être. A ce titre, le chiffonnier peut être considérer comme le précurseur du recyclage des déchets auxquelles il confère une seconde vie.
En effet, les matières récoltées subissent une transformation de sorte à obtenir de nouveaux objets. Au départ, il s’agit principalement de ramassage de chiffons, mais peu à peu l’activité s’élargit pour s’étendre aux papiers, métaux, peaux et même ossements.
Après la Révolution française de 1789, le chiffonnier ira même jusqu’à devenir une figure des rues parisiennes.
Des ordonnances de police peu respectées au XVIIIème siècle
Au Siècle des Lumières, la sensibilité à la propreté urbaine se développe.
Des règlements sur le nettoiement des rues apparaissent. En 1799, une ordonnance de police précise que chaque habitant doit quotidiennement balayer devant son habitation, « de la façade jusqu’au milieu de la chaussée ». Et dans les années 1770, le lieutenant général de la police, Sartine, met en place des barils d’aisance dans Paris.
Seulement, ça n’est qu’en 1834 que le préfet de la Seine, Claude-Philibert de Rambuteau fait installer 478 vespasiennes sur les voies publiques de la capitale. Les passants ont désormais leur espace pour les besoins naturels.
Le XIXème siècle ou la naissance de l’hygiénisme
Au XIXème siècle, les découvertes de Pasteur en matière de maladies infectieuses et de microbiologie fait prendre conscience des dangers des ordures.
Face à la menace avérée des microbes, la désinfection des objets devient un moyen pour affronter les problèmes sanitaires Il en résulte des conséquences dans l’aménagement des équipements de propreté. En témoigne le développement du réseau des égouts parisiens qui passe de 26 km en 1800 à plus de 1000 km au début du XXème siècle.
L’épidémie du choléra de Londres en 1854 accéléra la nécessité d’une collecte des eaux urbaines afin de les acheminer par des canalisations enterrées vers des sites dédiés. Les égouts et l’assainissement des eaux usées et eaux pluviales marquent ainsi un tournant dans l’histoire de la propreté urbaine.
Entre 1960 et 1980, ce sont 8 000 stations d’épuration qui sont construites en France.
Le préfet Eugène Poubelle ou le début véritable de la gestion des déchets urbains
Nommé préfet de la Seine de 1883 à 1896, Eugène Poubelle a notamment en charge l’administration courante de la ville de Paris.
Son arrêté du 7 mars 1884 oblige les propriétaires d’immeubles à mettre à disposition des locataires des récipients munis d’un couvercle et d’une contenance suffisante pour accueillir les déchets ménagers.
On le sait moins, mais l’arrêté prévoit aussi le tri des déchets avec trois boîtes obligatoires, pour les matières putrescibles, les papiers et chiffons, enfin une dernière boite pour le verre et la faïence.
Le sac poubelle ne verra quant à lui le jour qu’en 1950.
Aujourd’hui, le mobilier de propreté répond tout à la fois à des préoccupations écologiques et esthétiques à la fois. Il s’agit certes de répondre à des impératifs de propreté dans la ville, mais tout en concevant un mobilier qui, loin de se surajouter à l’architecture urbaine, s’intègre par son design à l’espace public.